Chloé et les 4 gardiens



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’était une vallée grise ou plus rien ne poussait

Pas un être, pas de charme, sans rose ni pensées

Un village perçait au creux de ce vallon

Aussi triste que le reste, morose et sans façon


Dans les rues, les habitants jamais ne sortaient

Les places étaient désertes, les cafés désolés

La rivière qui courrait autrefois tout de long

N’avait plus de reflet et pas plus de poisson


Au centre du village il y avait une maison

Au cœur de cette maison, une enfant rêvassait

Elle avait les yeux bleus et s'appelait Chloé

C'était une jolie fille qui portait un beau nom


Elle n'était pas comme tous les gens de son village

Elle aimait les couleurs, la danse et la nature

Il y avait dans sa rue peu de gens de son âge

Alors c'est souvent seule qu'elle rêvait d'aventure


Chloé s'éveilla un matin un peu confuse

A cause d'un curieux rêve qui, encore, la troublait

Elle assumait une mission qui ne se refuse

Trouver les quatre gardiens qui sauveront la vallée


Le premier des gardiens est celui de la terre

De tous les animaux il est le plus discret

Ce n'est pas pour autant qu'il est le moins prospère

C’est aussi le plus lourd qui n'est jamais été


Le gardien de l'eau lui, est tout aussi bizarre

Il est dépourvu de patte quand vient le matin

Il a deux pattes à midi et puis quatre le soir

Ce ne peut être l'homme, ça au moins c'est certain


Le troisième gardien est celui de la nature

De l'air que l'on respire, du savoir qui rassure

L’indice pour le trouver n'est pas facile non plus

« Recherche et tu trouveras » et pas un mot de plus


Enfin le quatrième est celui de la vie

De la passion du cœur, de la flamme qui jaillit

Pour le trouver ici inutile de chercher

Il est de tous les êtres, « ton plus fidèle allié »


Elle partit le jour même pour trouver ces gardiens

Elle quitta le village et rejoint l'ancien bois

Il n'y avait plus d'arbre, plus de vie, plus de rien

La terre était sèche et le vent était froid


Le gardien de la terre ne devait pas être loin

Elle savait au fond d’elle qu’il serait dans ce bois

Mais où trouver la vie ou il ne pousse rien

Elle chercha près du sol après tout pourquoi pas


Au bout d'un certain temps, elle crut voir un bousier

Cet insecte si petit et si fort se dit-elle

C'est peut-être le gardien, si lourd et si discret 

« N’importe quoi » Jappa une voix derrière elle


Se retournant elle vit un renard lui parler

Il était maigre, hirsute et avait l'air cruel

Les renards sont malins, il fallait s'en méfier

Elle lui tourna le dos, ignorant son appel


« Tu cherches un des gardiens ? » demanda le renard

« Inutile de chercher il n'y a rien dans ce bois

Regarde autour de toi, tu arrives un peu tard

Plus rien ici ne vit mis à part toi et moi »


« C'est celui de la terre que je cherche » dit Chloé

« Je le trouverai ici, je le sens dans mon cœur

Tu auras beau tenter de me décourager

Je ne veux pas de toi, tu ne me fais pas peur »


L'animal impassible, gratta alors la terre

Il trouva un lombric gouteux qu'il avala

Comment peut-on manger ainsi un ver de terre

Se demanda Chloé dégoutée de voir ça


Les lombrics si fragiles, qui font vivre la terre

Pourtant ils sont si lourds dans le sol par milliers

Chloé venait enfin de percer le mystère

Le tout premier gardien venait d'être trouvé


Elle devait à présent trouver celui de l'eau

Qui passait de zéro à deux puis quarte pattes

Tout près du petit bois s'écoulait un ruisseau

Elle s'y précipita en courant avec hâte


Malheureusement pour elle le renard la suivait

Elle se pencha sur l’eau mais elle n’y trouva rien

Dans ce petit cour d’eau à moitié desséché

Il n’y avait pas de vie et pas plus de gardien


Tout à coup le renard agrippa son gilet

« Lâche-moi » rugit-elle « cette fois tu en fais trop »

« Fait attention dit-il sinon tu vas tomber »

Et c’est en s’agitant qu’elle bascula dans l’eau


« Je t’avais prévenu ricana le renard »

Mais le nez dans la vase elle vit une chose bouger

Pas encore une grenouille, C’était un gros têtard

« C’est le gardien de l’eau, je l’ai enfin trouvé ! »


Pour le troisième gardien, celui de la nature

« Recherche et tu trouveras » était son seul indice

Chloé réfléchissait, cette énigme était dure

Quel endroit où chercher serait le plus propice ?


« C’est pourtant bien facile » ricana le renard

« Moi j’ai déjà trouvé, c’était même évident »

« Alors dis le moi donc toi qui est si vantard

Où est donc ce gardien du savoir et du vent ? »


« Mais ce n’est pas comme ça, que ça peut fonctionner

C’est toi qui dois chercher sinon ça ne vaut pas

Qui détient le savoir à ton avis Chloé ?

Sinon celui qui cherche à comprendre tout ça »


« Personne ici ne cherche ! » dit l’enfant agacée

« Il n’y a que toi et moi dans ce malheureux bois

Toi tu ne cherches pas si tu dis que tu sais

Il ne reste personne à moins que ce soit… moi ? »


« Bravo tu as trouvé ! » s’exclama le renard

« Tu es bien la gardienne qui protège la nature

Et parce que tu cherches tu portes le savoir

Qui souffle dans le vent une idée du futur »


« Mais le dernier gardien » soupira la jeune fille

« Celui du feu, du cœur, de l’amour, de la vie

Mon plus fidèle allié autre que ma famille

Malheureusement pour moi je n’ai aucun ami »


Curieusement cette fois, l’animal se tut

Il semblait attentif, attendait quelque-chose

Chloé compris alors que depuis le début

De toutes ses découvertes, il en était la cause


Jusque-là elle pensait qu’il la ralentissait

Qu’il n’était là que pour lui compliquer la vie

Mais c’était pourtant lui qui a su la guider

Il était finalement son plus fidèle ami


Les gardiens se trouvaient à nouveau réuni

Le lombric, le têtard, l’enfant et le renard

Les premiers étaient la terre et l’eau, de la vie,

Les seconds étaient l’air et le feu de l’espoir


Chloé nourrie la terre pour le premier gardien

Qui transforma la glaise en un riche terreau

Pour sauver la grenouille elle sema de ses mains

Des plantes qui font la vie et qui épurent l’eau


Elle exhuma les livres qui parlaient de la vie,

Et rappela aux siens les savoirs oubliés

Elle serra dans ses bras son tout nouvel ami

Et c’est par cet amour qu’elle sauva la vallée


Depuis lors, le village reprend vie doucement

La vallée a regagné ses anciennes couleurs

Dans les rues on entend les gens rire de bon cœur

Et Chloé la gardienne, profite de chaque instant.

 

Kalam

 

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